Armée de l'Air et de l'Espace : qualif RESAL par Ch. EYMERY

En fait cette qualif fut une procédure pensée, élaborée et mise en oeuvre ...sur le "Tas" !
En effets nos pilotes lorsqu'ils décollaient pour "taper" en Afganistan, décollant du kirghizistan, ils survolaient durant presque 1000km le massif du Pamir, avec un relief très montagneux comportant des sommets de 6 et 7000 mètres.
Donc en cas d'éjection, soit à l'aller comme au retour, leur chance de survie dans des conditions extrêmes était fort réduite.
Nous fûmes donc prépositionnés à mi-parcourt pour réagir au plus vite pour leur porter secours, les protéger, les médicaliser (si nécessaire) et les évacuer par des MI 8 Kirgizs ou Tadjiks qui nous rejoignaient au plus vite pour exfiltrer tout le monde ! (nota: les distances et les altitudes ne permettant pas une exfiltration directement avec des hélicos ...pattes trop courtes nécessitant des ravitaillements de carburant par largage de bacs souples ...donc très long et lourd, risquant de mettre en péril la vie de nos pilotes ...la priorité 1;
 L'opération se déroulait suivant la procédure suivante:
Dès connaissance de l'éjection et la position GPS des éjectés (Mirage 2000D: un pilote et un navigateur) grâce aux balises du paquetage de secours des équipages.
- Etude sur cartes et photos aériennes et satellites de la position, recherche d'une DZ au plus près des "survivors".
- Décollage en C130 avec à son bord l'équipe Résal constituée de 16 membres (13 Codos, 2 Gendarmes guides de haute montagne servant au sein de PGHM et d'un Toubib)
- 1° Passage au plus bas de la zone de poser des pilotes pour larguer un lot "SATER" (Petit colis contenant rations de survie, eau (en petits berlingos plus faciles à réchauffer en les mettant sous les vêtements afin qu'ils ne gèlent pas) et équipements chauds, duvets "pied d'éléphant"... en attendant notre arrivée.
- 2° Passage sur la DZ choisie (si celle-ci ne pouvait pas être celle des pilotes, trop haute, trop accidentée...) et largage d'un témoin constitué d'une flamme de plusieurs mètres afin de pouvoir visualiser la zone de poser une fois l'altitude de saut atteinte (minima 2000 mètres au dessus et limitée au FL180) et nous aider pour la tendance au poser, sachant que nous  étions limité à des zones situées à 3000 mètres, le poser des BT 80 étant trop tendu au dessus par défaut de portance. (les PBO n'existaient pas encore !)

 
- 3° Passage à la hauteur de saut pour larguer les 10 codos individuels et les 3 TDM (guides et toubib). la hauteur de saut étant supérieure au FL120 nous adoptâmes une procédure "d'Oxy assisté", oxygénation jusqu'à H-10s puis abandon du masque lors du déplacement vers l'issue axiale. (Dérogation donnée par le service de santé des armées pour cette mission)


 - 4° Une fois regroupés, progression vers les survivors pour les protéger, les soigner (cas très probable car leurs parachutes de secours sont des plus réduits et de plus avec l'altitude de poser, l'impact au sol aurait été des plus rustiques). Les brancarder vers une zone de récupération par les MI 8 et retour au bercail et espèrant, en plus, ne pas avoir à riposter pour assurer notre sécurité.


Ps: étant le pilote TDM à la MTE la plus légère (environ 210kg) je partais le dernier et faisais un OC( RSE-CDO) afin d'assurer le meilleur étagement possible pour ne pas se gêner au poser. les pilotes TDM emportions en plus de notre passager une EL20 contenant un équipement de survie du couple (piolets, crampons, corde de sécu, PR4G et d'une HK, munitions et pour notre confort (goretex et polaires).
Par chance, nous fîmes une vingtaine de sauts avec cette procédure et configuration sans avoir été mis réellement en situation, tous nos avions et pilotes rentrèrent indemnes !
Le saut n'étant que le moyen de mise en place, nos "guides" Gendarmes nous concoctèrent durant les 6 mois de la mission de nombreuses sorties en montagne pour faire le "coffre"et travailler les techniques de déplacement en haute montagne et zone glacière. Pour eux pas de souci étant dotés de deux coeurs et quatre poumons! Mais nous, pauvres Orléanais on a bien mangé notre glace, surtout au début ! LOL.
Cette configuration fut réitérée en 2006 sur un autre théatre, le Tchad pour porter assistance à nos pilotes faisant des vols de "Reco" en zone hostile dans le nord Tibesti...beau port de pêche, j'en fus aussi ! Par contre plus besoin de guides pour les déplacements en zone glacière, LOL.
Depuis ces deux missions, faites par le CPA 10, cette capacité est maintenant dévolue au C.OPS et Para Spécialisés du CPA 30.
Signé "La Toile"