La chute libre enfin opérationnelle par le Général (2S) Patrick CHAMPENOIS n° 2311

Près de cinquante ans après leur création sous l'impulsion du Colonel CAILLAUD, les Chuteurs Opérationnels ont pleinement justifié leur appellation, au KOSOVO tout d'abord en 2004 puis en République centrafricaine, à Birao en 2007 et au Sahel enfin où, depuis 2013 toute la gamme des savoir-faire a été mise en œuvre, sauts à ouverture automatique et commandée, livraison par air et poser d'assaut.

Cette situation nouvelle a eu des conséquences déterminantes sur les procédures, les équipements et les esprits.

Si certaines missions, comme l'assaut vertical, peuvent parfois imposer de recourir au saut à ouverture basse, ces engagements ont notamment prouvé que ce sont les sauts à grande et très grande hauteur qu'il convient de privilègier dès lors qu'il s'agit d'infiltrer une équipe en toute discrétion.

C'est ainsi que l'utilisation du ralentisseur-stabilisateur-extracteur à ouverture automatique ou assistée, suivie d'une ouverture manuelle du parachute principal est devenue la norme. Cette procédure présente l'avantage d'accroître la capacité d'emport, tout en restant dans les limites acceptées par le parachute et de limiter la dispersion verticale de l'équipe en empêchant, grâce à la stabilité qu'elle donne d'emblée au parachutiste, les pertes de temps à l'ouverture.

Par ailleurs, la pratique consistant à sauter avec l'arme sur l'homme et non en gaine afin de pouvoir en disposer au plus vite à l'atterrissage s'est généralisée. Enfin, un module de formation de deux semaines consacré à l'infiltration sous voile clôt désormais le stage de saut opérationnel à grande hauteur à l'ETAP. 

Parallèlement, le renouvellement des équipements est poursuivi et si les chuteurs opérationnels utilisent encore l'Aile G9, le parachute biplace opérationnel qui permet l'emport d'un passager ou d'une charge lourde est entré en service. A notre vieille gaine EL 20 ont succédé l'EL 120, une gaine-filet et la gaine pour charge lourde qui permettent l'emport de tout le matériel nécessaire à la mission. Dans le domaine de la sécurité, les altimètres réglementaires ont enfin remplacé le matériel personnel auquel auquel il a fallu recourir pendant de trop nombreuses années; les derniers modèles numériques permettent une programmation en vol en fonction de la pression sur la zone de saut, de même que l'ouvreur de sécurité opérationnel qui est un système Cypres militarisé fixé sur la réserve. Enfin, les équipements personnels se sont également améliorés avec les casques Ops-Core, utilisables au saut comme au combat et permettant l'adaptation de jumelles de vision nocturne, de communication et de masques à oxygène, achetés sur étagère, des gants chauffants ont été mis en place et des combinaisons chauffantes sont actuellement à l'étude.

En constante évolution, le matériel en dotation donne aux équipes des forces spéciales et des commandos parachutistes les capacités opérationnelles dont ils ont fait la preuve au combat. 

Il est enfin une dernière conséquence, et non des moindres : tandis que le parachute était relégué, depuis Kolwesi en 1978, dans un purgatoire qui satisfaisait secrètement certains, la ré&alité est venue nous rattraper, s'affranchissant des distances et comprimant les délais, les opérations aéroportées, et en tout premier lieu la chute opérationnelle, ont donné la preuve de leur utilité et de leur efficacité, justifiant les efforts et la ténacité de ceux qui en avaient entretenu les savoir-faire et avaient su les faire évoluer. Quant à ceux qui ont eu la chance de les mener, leur courage et leur compétence mérite notre respect. 

GBR (2S) P.CHAMPENOIS 2311

Deux dessins du Gal CHAMPENOIS, que l'on pourrait intituler : "Le Chuteur Opérationnel à travers les âges et les Armées"