Le général Caillaud a été chef de corps du 2ème REP, commandant de l'ETAP et patron de la 1ère BP.
Le général Caillaud débordait d'idées. Il se donnait les moyens de les réaliser.
Au 2ème REP. Il est à l'origine de la spécialisation des compagnies de combat (montagne, anti-char, amphibie, destruction).
A l'ETAP. Il a apporté du sang neuf aux chuteurs opérationnels. Beaucoup ronronnaient dans les unités et entretenaient leur qualification en effectuant des sauts qui n'avaient rien d'opérationnels. . En 1970, il a créé le brevet en métal que nous portons. Il a imposé les tests 4 tours en moins de 16 secondes et la dérive. Beaucoup de moniteurs, en poste à l'ETAP, les ont ratés. Quelques uns d'entre eux, faisant partie de l'encadrement du stage des chuteurs ops, ou moniteurs, sont retournés former les OA. Le général Caillaud a commencé la chute en 1973. Son instructeur était l'A/C Lesieur. Après l'obtention de son brevet de chuteur ops, il sautait régulièrement avec une équipe. Y compris de nuit comme en janvier 1976.
Claude LEMEAU 1976
En fin de stage, en novembre 1973, nous avons effectué un saut sur l'ETAP devant le PC. La remise des brevets s'est faite, non à 'ETAP, mais sur le plateau du Benou, à l'issue d'un saut avec gaine. Un décor superbe.
Si son passage à l'ETAP a fait progresser la chute militaire, le parachutisme civil lui doit beaucoup. Il avait obtenu que les parachutistes civils participent à nos séances de sauts. Leurs combinaisons bariolées apportaient une note de couleur dans les avions et au sol. Les relativeurs français ont pu ainsi effectuer leurs premiers sauts de grande formation à 80 depuis un Transall et réalisé plusieurs records. Au dessus de la DZ Wright et sur l'ETAP. Pour le remercier, plusieurs d'entre eux ont formé avec lui une grande étoile. Avec toute leur reconnaissance, ils lui ont remis le brevet de membre des grandes étoiles. Un insigne avec 8 branches. Aujourd'hui, le record mondial est à 357.
A la 1ère BP. Au cours d'exercices divers, il nous a employés pour des missions qui sont aujourd'hui du domaine des Forces Spéciales et des GCP. Il montera deux grands exercices : Auvergne et Cantal, sa région natale. Quatre régiments de la 1ère BP opposés à quatre régiments de la 2ème BP. Pendant deux semaines, avec des situations changeant rapidement. 150 à 200 km parcourus, des milliers de km2 couverts, avec une toute petite pause du samedi soir au dimanche au lever du jour. Les chuteurs opérationnels étaient très sollicités. Saut, balisage de zones, reconnaissance, harcèlement, coups de main, guidage d'unités... et exfiltration du PC du général Caillaud menacé par une unité adverse.
Je ne connaissais rien de la carrière du général Caillaud : les Maquis d'Auvergne, campagne de France, d'Allemagne, Indochine, Algérie... C'est l'homme que j'ai tout de suite estimé. Il n'a laissé personne indifférent. Il avait un sens de l'humain exceptionnel. Sous son commandement au REP, le taux de renouvellement des contrats est passé de 8 à 47% pour les militaires du rang et d'à peine 50 à 97% pour les sous-officiers. Je reparlerai peut-être une autre fois de l'intérêt qu'il me portait.
Dans sa vie familiale, il a connu un drame terrible. Un de ses fils venait de terminer sa scolarité à l'EAI. Avant de rejoindre son affectation, le jeune officier est parti en vacances en Espagne, sac à dos. Il sera retrouvé poignardé dans son duvet. Je sais que le fils aurait fait honneur à son père.
Régulièrement, j'ai l'occasion de parler du général. A des chuteurs de l'Armée de Terre et de la Marine qui ignorent le rôle qu'il a joué dans la conception des Forces Spéciales, à Jean-Pierre Simon auteur du livre : ''Le général Caillaud soldat de l'insolite'', à des civils... A l'ETAP, lors de l'inauguration de la stèle des chuteurs opérationnels décédés en service, deux généraux lui ont rendu hommage. Je suis allé les remercier, avec beaucoup d'émotion. Lors de l'exposition sur les Forces Spéciales, à Paris cette année, on m'a rapporté qu'il n'avait pas été oublié. Parfois j'avais l'impression de prêcher dans le désert.
Mon général, je reste marqué à vie par l'intérêt que vous m'avez porté, vos qualités humaines exceptionnelles. Pour moi, elles passent avant tout autre critère, quel que soit mon interlocuteur.
Article écrit par Claude LEMEAU n° 431